iloubnan.info : Quelle est votre lecture de la décision du Palrlement libanais de voter sur les droits civils des réfugiés palestiniens le mois prochain ? [1]
La question de l’octroi de droits civils aux réfugiés palestiniens est une affaire très importante à aborder, surtout durant la période en cours. La présence, depuis très longtemps, des Palestiniens au Liban exige de leur accorder des droits socio-économiques afin qu’ils puissent jouir d’une vie digne et non pas d’une situation décrépite. C’est une question humanitaire par excellence qui est stipulée et approuvée par la Constitution libanaise depuis plusieurs années. Cette question doit être séparée du côté politique qui porte sur la présence militaire des groupes armés palestiniens à l’intérieur et à l’extérieur des camps de réfugiés. Les conditions de vie actuelles des Palestiniens fait penser à une punition alors qu’il n’est question ici officiellement ni de blocus ni de sanction comme dans le cas de la Bande de Gaza. Nous ne pouvons pas punir les civils palestiniens pour des raisons politiques et sécuritaires. D’un point de vue humain, interdire aux Palestiniens leurs droits civils est injuste.
Que pensez-vous des voix qui évoquent des brèches sécuritaires si les droits civils sont approuvés ?
La Constitution s’est clairement prononcée à ce sujet : elle a catégoriquement rejeté la naturalisation des réfugiés palestiniens sous toutes ses formes. Donc, nous n’avons pas à redouter de leur accorder des droits, qui ne sont pas politiques, mais civils et sociaux. Toutefois, nous ne pouvons pas exclure la présence de Palestiniens armés en dehors des camps de réfugiés et qui constitue un obstacle majeur face à tout progrès en ce sens.sans parler des groupes armés existants répertoriés tant dans les territoires palestiniens qu’en Syrie. Cependant, je pense que l’octroi de droits sociaux aux civils leur permettrait d’accéder à l’emploi et au capital, et que ce serait bénéfique tant pour eux que pour le Liban. D’un point de vue économique, de tels droits vont dynamiser l’économie locale car l’activité commerciale serait basée au Liban, alors qu’aujourd’hui des milliers de travailleurs étrangers actifs au Liban transfèrent l’argent ailleurs. Une fois que les réfugiés palestiniens entreront sur le marché du travail, ils feront avancer notre secteur économique libanais.
L’ambassadeur palestinien pour le Liban Abdallah Abdallah a appelé à un consensus libanais sur la question. Comment interprétez-vous sa position ?
Je suis tout à fait d’accord avec la position du responsable palestinien. Malheureusement, un consensus libanais à ce sujet est loin d’être réalisable. A mon avis, le fait de rejeter les droits civils à accorder aux réfugiés palestiniens serait très dangereux pour le Liban et menacerait la sécurité du pays. Si certains redoutent une flambée de tensions, je dirais que cette crainte se confirmerait d’autant plus par ce rejet, car les milliers de Palestiniens en plus des exclus parmi eux vont se révolter partout où ils se trouvent au Liban, entraînant ainsi le pays vers un l’insécurité et l’inconnu. Alors que si les députés libanais votent pour ces droits, à mon avis ils protègeront le Liban de pas mal de tensions. Octroyer des droits de base aux Palestiniens et améliorer leurs conditions de vie, c’est contribuer à « désamorcer » le contexte explosif de la présence des Palestiniens au Liban. Et ainsi servir au mieux le renforcement et la construction de notre pays.